La verrière est née des ciels qu’on voit entre les branches. Les Gaulois et les Goths ont refait dans la pierre leurs forêts, qu’ils ont par le verre teint, par le verre serti, éclairées de leur réelle lumière.
15 06 • Jeu de marelle et cueillettes des fruits, Tenture de la Noble Pastorale – coll. Louvre

“Le paysage est une réalité esthétique que nous contemplons tout en vivant dedans”* : perdre cette dimension d’activité vitale et pratique au sein des paysages, c’est prendre le risque d’appauvrir considérablement l’expérience esthétique des paysages.
* R. Assunto, Il paesaggio e l’estetica, chapitre 4


Apprendre à voir le vivant, ce serait donc aussi apprendre à traduire l’invisible des relations, à partir des moyens dont chacun dispose, ou plutôt ne cesser d’inventer mille recours pour le traduire, en ayant conscience de la précarité et du caractère infini de cette démarche.
14 06

La vitesse d’un film de cinéma est de 25 images à la seconde et Dieu sait combien d’images-seconde passent à toute vitesse dans nos perceptions quotidiennes. Mais lors de ces brefs moments dont je parle, c’est comme si nous voyions, soudain et de manière troublante, entre deux images. Nous tombons sur une part du visible qui ne nous était pas destinée. Peut-être l’était-elle aux oiseaux de nuit, aux rennes, aux furets, aux anguilles, aux baleines...
12 05 • Images cyanotypes exposées sur la verrière



Membre de la Botanical Society de Londres à partir de 1839, elle compose un herbier aujourd’hui conservé au British Museum, et s’attache particulièrement à la collecte des différentes espèces d’algues britanniques, après la publication en 1841 du Manual of British Algae de William Henry Harvey (1811-1866).
Face à la difficulté de conserver ou de dessiner des espèces parfois minuscules, Anna Atkins fait le choix d’utiliser le procédé de cyanotype mis au point en 1842 par John Herschel (1792-1871), devenant ainsi une pionnière de la photographie, et de son application aux livres de botanique.
08 05 • Photographs of British Algae – Anna Atkins
Sur le chemin qui me mène à la maison, parfois je trouve des plumes bleutées de geai, comme des éclats d’azur. C’est très petit, ce que je fais. J’essaye de recueillir des choses très pauvres, apparement inutiles, et de les porter dans le langage. Parce que je crois qu’on souffre d’un langage qui est de plus en plus réduit, de plus en plus fonctionnel. Nous avons rendu le monde étranger à nous-mêmes, et peut-être que ce qu’on appelle la poésie, c’est juste de réhabiter ce monde et l’apprivoiser à nouveau.
03 05 • Le faucon de la Dame à la licorne

C’est peut-être un invariant de la rencontre animale : quand on croise un animal sauvage par hasard dans la forêt, une biche qui lève les yeux vers soi, on a l’impression d’un don, un don très particulier, sans intention de donner, sans possibilité de se l’approprier. C’est ce qu’en phénoménologie on appelle un don pur : personne n’a voulu donner, personne n’a rien perdu en donnant, et le don ne vous appartient pas, il pourra se donner à d’autres. On sent monter dedans une improbable gratitude. Juste l’envie de rendre grâce pour cet imprévu aussi beau qui en cet instant existe et se donne aux yeux.
29 04 • Bertrand Gadenne, Hibou, 2005

Car les mots manquent pour dire le plus banal des paysages. Vite à court de phrases, nous sommes incapables de faire le portrait d’une orée. Un pré, déjà, nous met à la peine, que grêlent l’aigremoine, le cirse et l’ancolie. Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. Au temps de Goethe et de Humboldt, le rêve d’une « histoire naturelle » attentive à tous les êtres, sans restriction ni distinction aucune, s’autorisait des forces combinées de la science et de la littérature pour élever la « peinture de paysage » au rang d’un savoir crucial. La galaxie et le lichen, l’homme et le papillon voisinaient alors paisiblement dans un même récit. Aucune créature, aucun phénomène ne possédait sur les autres d’ascendant narratif. Comme les splendeurs les cruautés se valaient. Équitablement audibles, les douleurs appelaient d’unanimes compassions. Ce n’est pas que l’homme comptait peu : c’est que tout comptait infiniment.
10 04 • La ruine

Dessins réalisés par les enfants du centre de loisirs de Salviac,
"Les p'tits bouts riants".
