C’est peut-être un invariant de la rencontre animale : quand on croise un animal sauvage par hasard dans la forêt, une biche qui lève les yeux vers soi, on a l’impression d’un don, un don très particulier, sans intention de donner, sans possibilité de se l’approprier. C’est ce qu’en phénoménologie on appelle un don pur : personne n’a voulu donner, personne n’a rien perdu en donnant, et le don ne vous appartient pas, il pourra se donner à d’autres. On sent monter dedans une improbable gratitude. Juste l’envie de rendre grâce pour cet imprévu aussi beau qui en cet instant existe et se donne aux yeux.