Dans le sillage des arts décoratifs, qui ont toujours été des arts de vivre et d’habiter, nous prenons le parti d’axer la résidence sur les notions de milieu de vie et d’habitat, en invitant artistes et designers à explorer les écosystèmes locaux dans le sens d’une pratique située, tout en ayant conscience de la longue histoire des rapports polarisés de la ville à la campagne : la campagne projetée par la ville n’est pas un pays qu’on habite, elle est une terre qu’on exploite ou une aménité dont on jouit (alimentation pour la population, matières premières et main d’œuvre pour l’industrie, air pur pour le corps et l’esprit).
À être conçue sur deux années, la direction artistique a l’avantage de donner le temps et, avec lui, la possibilité non seulement de résider mais aussi, au moins tendanciellement, d’habiter. Après une première résidence-exposition qui s’est attachée à révéler le potentiel du lieu à partir de ses ressources, cette nouvelle édition aimerait esquisser un modèle écocentré de la résidence artistique en milieu rural, au service à la fois du territoire et plus largement d’une reconfiguration du rapport de la culture à la nature, et de la ville à la campagne. Elle articulera trois types de lieux qui ont retenu l’attention des artistes et designers et se révèlent porteurs d’un grand potentiel imaginaire et narratif : le village, la ruine et la forêt. Elle se nourrira de la pensée de la réhabitation, née dans la Californie des années 1970, qui se révèle particulièrement accordée à l’urgence écologique de notre temps.