«Un dialogue s’établit entre l’objet et son utilisateur. Le bâton livre ses affordances à son porteur qui use de ses potentialités pour l’activer. Alors que le bâton agit en soutien du geste et fait évoluer l’usager, il se développe à son tour. Il est alors matière plastique et malléable dont les qualités sont maîtrisées par les hommes. En même temps qu’il devient matériau à transformer, il acquiert sa forme dans le langage. Le bâton cesse de n’être désigné que par une série de verbes, et de nouvelles catégories apparaissent. Aux catégories d’action s’ajoutent des catégories formelles et matérielles. C’est ainsi que depuis leur étymologie, les perches, baguettes, règles, crosses et béquilles sont respectivement des bâtons longs, minces, droits, crochus et avec un bec, tandis que les cannes et les calames doivent leur nom au roseau dans lequel ils sont taillés. En manipulant sa forme et sa matérialité, l’homme échange le bâton contre une profusion d’objets spécialisés.»