Peut-être l’idée même de narration (distincte de l’enchantement, de la conjuration ou de l’invocation) est-elle née pour la première fois, dans une société de chasseurs, de l’expérience du déchiffrement des traces. Le fait que les figures rhétoriques sur lesquelles repose encore aujourd’hui le langage du déchiffrement relatif à la chasse – la partie pour le tout, l’effet pour la cause – peuvent être rapprochées de l’axe prosaïque de la métonymie, avec une exclusion rigoureuse de la métaphore, renforcerait cette hypothèse – de toute évidence indémontrable. Le chasseur aurait été le premier à «raconter une histoire» parce qu’il était le seul capable de lire une série cohérente d’événements dans les traces muettes (sinon imperceptibles) laissées par sa proie.