Les ordonnances de Colbert (1669) amorcent la séparation de l'agriculture et de la forêt. 1790-1827, les forêts sont soumises au régime juridique général des biens fonciers, tout ce qui se trouve sur la parcelle appartient au propriétaire : arbres, herbes, champignons. Les forestiers tentent de se libérer des droits d'usage. 1827, le code forestier clarifie la situation mais tout le XIXe siècle sera nécessaire pour affirmer la rupture (Larrere, 1988).
La coutume, l'administration et le propriétaire autorisent, en règle générale, le ramassage des bois gisant à terre, chablis divers et morts bois désignés par l'usage. Encore que la définition des produits susceptibles d'être ramassés tout comme les qualités du ramasseur, méritent commentaires. La définition du bois gisant est claire, par contre, les morts bois sont des essences ligneuses souvent connues pour leurs fruits et l'usage à des fins de fabrication d'objets variés, de leur bois de peu de valeur par ailleurs. Malgré une volonté réaffirmée de maintenir le droit de ramasser du bois, en particulier pour les indigents, l'administration forestière poursuit son objectif de modernisation qui, petit à petit, passe de la cueillette généralisée à la sylviculture. Pour aboutir, il faut à tout prix réduire puis éliminer les usages variés auxquels la forêt reste soumise. C'est ainsi qu'au cours de l'hiver 1804-1805, les bûcherons de la forêt d'Andaine se mettent en grève. Ils veulent, en dépit des textes réglementaires interdisant toute rémunération en espèces, le maintien de la tolérance coutumière qui leur laissait à disposition les bourrées provenant des arbres abattus pour le compte des forges de Varenne, Holoup, Bagnoles (de Bouard et Bertaux, 1978).
Actuellement (1988), le ramassage de bois gisant en forêt domaniale est soumis à autorisation et droit (3). L'usage des outils reste évidemment défendu, tout comme d'aller sur les lieux en voiture, les fagots doivent être transportés à dos d'homme jusqu'aux véhicules. La loi s'est imposée alors que la pratique disparaissait de beaucoup de forêts après la période 1939-45, mais ici et là (dont la forêt de Bellême), elle conserve quelques amateurs. (Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 1987)